Pour Florence Heiniger, à la mort de la chanteuse Lhasa (04.01.2009), la sensation de perdre une voix de femme unique est passée de la tristesse à l’envie de créer. Sans rien remplacer, mais dans la ligne de la force tumultueuse et sensible d’une telle personnalité, il y a la chance de pouvoir écrire, créer, partager. Ces femmes de fiction, trimballées depuis plusieurs années dans l’intimité, pouvaient se mettre à parler à d’autres. Elle écrit donc les nouvelles du recueil Une larme dans l’objectif publiées chez Luce Wilquin.
Martine Corbat fait le lien avec ces femmes. Elle emmène le spectateur dans leur monde bien réel mais étrange.
Dans les nouvelles de Florence Heiniger, les mots dansent pour dénoncer des actes très durs ou bien ils dessinent des choses plus futiles, toutes aussi nécessaires à la vie. Ils deviennent une matière, un son, une couleur, un rythme pour dénoncer le pire dans une énergie jubilatoire.
Le spectacle est emporté par l’univers musical sensible du percussionniste Julien Israelian, faisant écho ici et là aux mots de Florence Heiniger. Sur les murs du théâtre, sont projetés des dessins étonnants et fantastiques de Armando Locatelli, permettant aux spectateurs de s’évader et de rêver.
Une Larme dans l’objectif a su toucher par l’intensité des histoires dans une forme originale qui rassemblait voix, images et musique live.
Distribution
Texte Florence Heiniger
Mise en scène / Jeu / lecture Martine Corbat
Musique Julien Israelian
Scénographie/Dessins Armando Locatelli
Régie son/images Martin de Buck
Lumières Jérôme Bueche
Graphisme Elise Gaud de Buck
Administration Sandrine Faure
Extrait de 2 nouvelles:
« Le combat à l’arraché sur la carcasse d’un cerf. Les femelles survoltées, dévorant la peau de la proie pour la remettre, en lambeaux de chair sanglante, dans la gueule du louveteau, à l’insu du mâle. Un combat acharné, mais nulle trace d’un homme veule. » Loup de dentelle
« On lui téléphona à 15h15 exactement, le dernier coup de pinceau appliqué, le camion devait arriver sans retard. Elle l’avait commandé six jours plus tôt. Des hommes en bleu de travail déversèrent patiemment et silencieusement les corps. Une cargaison. Sans un mot, sur chaque marche encore fraîche, ils placèrent précautionneusement le corps d’un homme. 32 marches, 32 hommes. » L’Escalier
2013.03.20FlyerLectureFHeiniger
© Photos et Dessins Armando Locatelli, 2013